Se faire des amis au bureau ? Pourquoi pas ! En plus de rendre l’ambiance de travail plus agréable, cela contribue à améliorer la productivité de l’équipe… pour peu qu’on recherche l’amitié de ses collègues pour les bonnes raisons.
La théorie voudrait qu’on laisse ses émotions à la porte du bureau, mais dans la pratique, c’est plus complexe. Des liens affectifs se créent inévitablement au travail. Comment développer des relations avec nos collègues sans y mettre un minimum de coeur? Nous aspirons tous à avoir un environnement de travail agréable et des collègues sympathiques, mais nous ne nous y investissons pas tous avec la même intensité.
Si l’on a le devoir d’entretenir de bonnes relations avec ses collègues, on n’a pas pour autant l’obligation de s’en faire des amis. Certains se l’interdisent carrément, par crainte de fausser leurs liens, alors que d’autres, au contraire, n’hésitent pas à s’ouvrir. Je suis de ceux-là, et j’admets que l’exercice peut être risqué. Une amitié doit être sincère et solide pour survivre aux turbulences du travail. Comment ?
Il ne faut pas se tromper d’objectif. Les relations professionnelles se fondent sur l’intérêt, alors que l’amitié est désintéressée. Il est inutile, sinon dangereux, de rechercher l’amitié pour faire avancer votre carrière. Si vous recherchez l’amitié de vos collègues, de votre patron et de vos autres relations d’affaires, demandez-vous pourquoi. Si vous n’avez pas d’amis pour passer les fins de semaine, vous avez un problème personnel, et ce n’est pas au bureau que vous allez le régler. Et si vous percevez que quelqu’un cherche à pénétrer votre univers social personnel juste pour arriver à ses fins, ne le laissez pas faire.
Misez sur une relation équilibrée et méfiez-vous d’une trop grande proximité. Il y a un danger à trop s’investir dans la relation avec un collègue, et on peut y connaître plus de frustrations qu’en tirer de bénéfices. Nos émotions peuvent polluer nos relations de travail. Si vous êtes blessé par la remarque d’un collègue et ami sur votre façon de gérer un dossier, c’est que vous y voyez peut-être une attaque personnelle alors qu’il ne cherche peut-être qu’à vous aider.
Méfiez-vous des transferts. Le monde professionnel ressemble souvent à une scène familiale, tantôt harmonieux, tantôt dysfonctionnel. Nous avons parfois tendance à transposer notre expérience familiale, avec toutes ses émotions, sur nos relations au bureau. De façon inconsciente, cela peut nous conduire à prendre notre patron pour notre père ou notre mère, et nos collègues pour nos frères et soeurs. Cela se produit assez souvent. Le rôle d’autorité incarné par le supérieur fait référence à celui du parent. Selon notre expérience, nous tendrons à le défier systématiquement ou, au contraire, nous rechercherons son appui et son affection. Posez-vous la question : ” Qu’est-ce qui motive généralement mon comportement au travail? ” Cela ressemble-t-il à du déjà-vu dans votre intimité ? Si la réponse est oui, changez immédiatement votre façon d’aborder la situation ou courez chez le psy !
On peut concilier amitié et relations professionnelles. D’ailleurs, ce ne serait pas une mauvaise chose pour l’entreprise. Selon un sondage réalisé en 2001 par Ipsos, 83 % des salariés estiment que la bonne ambiance passe avant l’intérêt professionnel. Une étude plus récente, commandée par la firme de placement Accountemps, indique qu’une majorité d’employés (63 %) et de dirigeants croient que la productivité augmente lorsque les collègues sont aussi amis à l’extérieur du lieu de travail. Je partage cette perception, mais il faut bien admettre que le lien d’amitié n’empêche ni la jalousie ni la rivalité professionnelle. Pour que la relation amicale se maintienne, il faut avoir suffisamment de maturité pour accepter que l’autre obtienne une promotion ou une augmentation sans en être jaloux. En général, ceux qui se fréquentent à l’extérieur du bureau n’abordent pas les questions professionnelles lors de leurs rencontres en privé.
Une vraie amitié née dans le monde professionnel devrait pouvoir survivre à votre départ de l’organisation, et ne devrait souffrir ni de votre succès ni de vos échecs.