Certains les voient comme un tremplin, d’autres comme une bouée de sauvetage. Les emplois temporaires varient en genre et en nombre, mais une réalité demeure : que ce soit pour rebondir entre deux emplois, redonner un sens à sa vie ou se sortir d’un mauvais pas, ils restent une solution sensée pour placer un pied dans la porte de l’entreprise convoitée et se sortir rapidement du chômage.
Sylvain a quitté son emploi de professionnel de recherche en biochimie dans une université québécoise au printemps 2017. Il a vécu de ses économies pendant quelques mois, puis s’est rendu à l’évidence qu’il était temps de retourner sur le marché du travail. Problème : malgré son doctorat, la recherche ne lui parle plus du tout. « Après un énième contrat mal payé, la précarité m’a convaincu qu’il fallait que je trouve quelque chose de plus sûr », confie-t-il.
Bien que surqualifié, il a postulé à des emplois de technicien en laboratoire et déniché un travail en usine, question de regarnir son compte en banque. Il a ensuite trouvé un boulot de commis dans une librairie. « Je me suis dit que ce travail plutôt facile mettrait du pain sur la table et me donnerait du temps pour réfléchir à ma reconversion professionnelle », dit-il.
Une porte d’entrée dans l’entreprise
L’idée n’est pas mauvaise. Elle est d’ailleurs partagée par bien des travailleurs qui veulent sortir du chômage. « L’emploi temporaire est un excellent premier tremplin », indique William Bérubé, conseiller en recrutement et actionnaire chez Groupe Perspective, une entreprise de placement et de recrutement œuvrant à Québec, Montréal et Lévis.
Pour ce professionnel du recrutement, l’emploi temporaire est tout indiqué, notamment pour une personne absente du marché de l’emploi depuis longtemps. « C’est une bonne école », souligne-t-il, tout en spécifiant que l’emploi temporaire peut rapidement se transformer en poste à temps plein si le travailleur est jugé compétent.
L’occasion de prouver sa valeur
À titre d’exemple, il voit souvent des candidats mettre un pied dans la porte de l’entreprise en acceptant un remplacement de congé de maternité d’un an, qui ouvre ensuite sur un autre poste qui se libère. « C’est la meilleure façon de voir les possibles débouchés ».
De leur côté, les employeurs voient là une occasion en or de tester une nouvelle recrue sans s’engager à long terme. Comme les travailleurs de la génération X et Y boudent les postes « à vie », restant en moyenne trois ans dans un même poste, le roulement de personnel offre beaucoup d’opportunités à qui cherche bien.
Un accès plus facile à l’emploi
L’emploi temporaire permet non seulement de goûter au poste de ses rêves, mais représente aussi une solution rapide pour sortir du chômage, estime William Bérubé. « Les employeurs qui ont un besoin urgent à combler sont moins sévères dans leurs critères », affirme-t-il. Entre autres, certaines entreprises raccourcissent le processus de recrutement et diminuent le temps de formation.
Évidemment, l’emploi temporaire n’est pas toujours des plus satisfaisants. En empaquetant des livres dans sa librairie, Sylvain rêve d’un emploi qui le passionne davantage. Néanmoins, il reste convaincu qu’il tient sa chance de repartir à neuf.