Quand la retraite n’est pas une option ni sur le plan financier ni sur celui des aspirations, pourquoi ne pas continuer à travailler ? André Hétu, directeur de l’Association Midi-Quarante, spécialisée en transition et en gestion de carrière pour les 45 ans et plus, nous dit comment.
« L’idée de la retraite ne m’a jamais habité et ne m’habite toujours pas. C’est comme si ce 65 ans n’avait aucun sens pour moi, la vie a continué comme elle était la veille. » C’est l’an dernier qu’André Hétu a passé le cap des 65 ans. Encore en forme, il a décidé de continuer à travailler. Comme lui, plus de la moitié des travailleurs québécois s’attend à continuer à occuper un emploi après l’âge de la retraite, tant pour le plaisir que par nécessité.
Remettre ses pendules à l’heure
Qu’elle arrive à 35, 52 ou à 68 ans, la transition d’emploi commence par une réflexion introspective pour savoir ce que l’on veut dans la vie. « Ce repositionnement se fait de manière vraiment approfondie, car le défi est de découvrir quelles sont nos aspirations profondes pour pouvoir élaborer un plan de carrière et de recherche d’emploi», explique M. Hétu, qui conseille à ses clients de prendre le temps nécessaire pour retrouver l’emploi de leur rêve.
Faire le tri
En parallèle de cette réflexion, c’est tout un éventail de valeurs qui devra être remis en cause, car l’essentiel est de se redécouvrir. « À partir de 50 ans, le privilège de l’âge est d’être moins piégé par un certain paraître snobinard, observe M. Hétu, on peut donc plus facilement ressentir ce qui fait réellement notre affaire. »
Il y a quelques années l’Association Midi-Quarante a lancé un projet pilote visant à inciter des chercheurs d’emplois aux cheveux gris à occuper des postes auxquels ils n’auraient jamais pensé.
« Un travailleur qui s’est retrouvé à gagner 55 000 $ de moins par année a quand même décidé de poursuivre dans cette voie, car il était de toute évidence plus riche qu’avant vu qu’il dépensait moins », se souvient M. Hétu. Comment? Tout simplement parce qu’il avait pris le soin de réévaluer ses besoins et avait coupé dans des dépenses aujourd’hui jugées superflues, comme la possession d’un bateau.
« Ce qui devient très prioritaire pour les personnes qui maintiennent leur participation active au marché du travail, c’est de se retrouver d’abord dans un milieu de travail agréable, stimulant et intéressant, plutôt que de gagner un gros salaire », témoigne-t-il.
La force de l’adaptation
Selon le directeur de l’Association Midi-Quarante, l’adaptation spontanée à toute nouvelle réalité est de loin la qualité la plus importante à adopter quand vient le temps de redonner un second souffle à sa carrière.
« Notre capacité à travailler est très différente de ce qu’elle était quand on avait 30 ans, mais ce n’est pas un moins, c’est un plus : on jouit d’une expérience et d’une expertise qui se traduisent par une efficacité assez exceptionnelle. Il faut juste en prendre conscience. »
Bien que certains n’hésitent pas à retourner aux études, la solution pour beaucoup de retraités encore actifs est de devenir travailleurs autonomes ou consultants dans leur domaine, comme pour redonner ce qu’ils ont acquis.