Quel avenir pour le pourboire?

Deux camps s’affrontent: ceux qui veulent que les serveurs en restauration partagent leurs pourboires avec les cuisiniers et ceux qui préfèrent le statu quo. Voici leurs arguments.

La réalité est la suivante au niveau des salaires: les serveurs gagnent en moyenne 24 $/h, alors que les gens en cuisine plafonnent souvent sous les 20 $/h, avec 18,58 $/h pour les chefs cuisiniers et 15,75 $/h pour les cuisiniers spécialisés.1

Dans une vidéo publiée dans le groupe Facebook «PROFESSION CUISINIER : pour un meilleur avenir du métier», on avance que 50 % des cuisiniers vivent sous le seuil de la pauvreté, et 92 % quittent la profession après 5 ans.

« Ça fait 20 ans que les conditions n’ont pas été améliorées pour les cuisiniers », disait le cuisinier et professeur Patrice Gosselin dans une entrevue à l’émission Mario Dumont, en 2016.

Patrice Gosselin avait alors relancé le débat du pourboire sur les médias sociaux en proposant une facture modifiée avec deux pourcentages distincts : un pourcentage du pourboire pour le service et un autre pour la cuisine. La réaction ne s’est pas fait attendre, provoquant un débat passionné entre les partisans du partage et du statu quo.

Il faut mentionner qu’à l’heure actuelle, le partage des pourboires est possible, mais doit venir des employés eux-mêmes, car l’article 50 de la Loi sur les normes du travail interdit aux restaurateurs d’imposer des modalités à la distribution de ces revenus.

L’Association des restaurateurs du Québec (ARQ) appelle pour sa part à un changement de la loi pour « permettre aux restaurateurs de mettre en place le partage des pourboires dans leur établissement ou, à tout le moins, pour pouvoir amorcer les discussions et participer activement à son implantation ».  

Dans l’autre camp, la CSN et la FTQ s’opposent à toute modification qui déboucherait sur le partage : « Ce n’est pas en corrigeant les salaires d’un groupe moins bien payé sur le dos d’un autre groupe que l’on trouvera une solution juste et équitable », a déclaré Jacques Létourneau, président de la CSN.

Les deux grandes centrales syndicales privilégient une augmentation du salaire minimum pour sortir de l’impasse.

Face à ce débat, groupes d’intérêt et commentateurs sont nombreux à proposer l’abolition pure et simple des pourboires. Le principe serait alors le suivant : on augmente le prix des repas pour ensuite augmenter le salaire de tous les employés.

Et si on demandait l’avis du client ?

Lors de son passage à Mario Dumont, Patrice Gosselin a recadré le débat en retournant la question ainsi : à qui le client veut-il vraiment donner du pourboire, au serveur ou au cuisinier ?2 « On se déplace au resto pour la bouffe, a-t-il rappelé, et non pour le service. »

Un sondage SOM de septembre 2017 commandé par l’ARQ3 nous donne un indice de ce que veut le client : 77 % seraient d’accord pour que les restaurateurs mettent en place un mécanisme de partage des pourboires, alors que 29 % préfèrent que seuls les serveurs en bénéficient…

Sources:

1 Les chiffres sont tirés de l’Édition 2016 : Édition 2016 : Sondage annuel sur les salaires, mené par l’ARQ
Entrevue à Mario Dumont 
3  Sondage sur le partage du pourboire

À lire: Abolir le pourboir ou le partager?

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