Il est toujours délicat de négocier un salaire de départ ou une augmentation de salaire avec un employé, surtout lorsque celui-ci est critique pour l’entreprise. Voici des astuces pour réussir cette négociation.
Un sondage CROP-CRHA réalisé en mars 2018 révèle que 41 % des travailleurs québécois estiment être moins bien payés qu’ils le méritent. Dans l’actuel contexte de rareté de la main-d’œuvre, voilà qui a de quoi préoccuper les employeurs.
En effet, bien que le salaire ne soit que l’un des ingrédients de la satisfaction au travail, une organisation qui veut attirer chez elle les meilleurs éléments doit proposer une rémunération que l’employé estime juste, tout en respectant sa propre capacité de payer. Voici quelques conseils pour atteindre ce savant équilibre.
Réfléchir en amont
Avant tout, l’employeur doit définir le poste de façon précise. Quelles seront les tâches et les responsabilités de l’employé ? Quelles compétences et quelle expérience sont requises ? Les réponses permettront d’une part d’arrimer l’offre salariale avec l’échelle salariale interne, et d’autre part avec le marché de l’emploi.
Pour comparer son offre salariale à ce qui prévaut dans le marché, c’est aux bases de données des firmes spécialisées en rémunération qu’il vaut mieux se fier. À défaut, on pourra consulter les données sur les salaires d’Emploi Québec. « Ces données ne sont pas à jour, mais un professionnel RH, en particulier s’il est spécialisé en rémunération, pourra faire le calcul pour les mettre à jour », dit Nathalie Meunier, CRHA, fondatrice et présidente de Talents : Stratégie inc.
Aborder la délicate question
En raison de la situation financière de l’entreprise ou d’une pénurie de main-d’œuvre qui pousse les salaires à la hausse, on peut devoir offrir un salaire inférieur à ceux de ses concurrents. Dans ce cas, mieux vaut sonder les attentes salariales des candidats lors d’une pré-entrevue téléphonique. En expliquant d’emblée la situation, on s’assure que ceux qui acceptent de poursuivre le processus de sélection le font en toute connaissance de cause.
On dispose d’une certaine marge de manœuvre ? Nathalie Meunier conseille de garder le sujet pour la fin de l’entrevue, mais de ne pas tarder à en discuter : « On attend la fin de l’entrevue pour s’assurer qu’on veut aller de l’avant, mais dans le contexte actuel de plein emploi, si on attend davantage, on risque de perdre des candidats. »
Mettre d’autres éléments dans la balance
D’autres éléments de rémunération que le salaire peuvent être mis de l’avant dans la négociation. Accorder de plus longues vacances, par exemple : « Les patrons comprennent de plus en plus que des vacances supplémentaires ne coûtent rien de plus à l’entreprise. Et c’est très apprécié par les employés », affirme Nathalie Meunier.
Possibilité de télétravail et horaires flexibles sont souvent bienvenus eux aussi. Ils sont toutefois de plus en plus courants, ce qui peut leur enlever du poids dans la négociation. Quant aux assurances collectives, elles intéressent peu les jeunes travailleurs, mais deviennent plus attrayantes si elles incluent un volet d’assurance voyage.
Augmenter avec équité
Pour éviter les disparités, mieux vaut aller au-devant des demandes d’augmentations salariales. L’idéal ? « Offrir une augmentation à tous, en fonction de leur progression et de la capacité de payer de l’entreprise, qui prend effet au début de l’année fiscale. » On limite ainsi le sentiment d’iniquité entre les employés de l’organisation.
Et si l’on constate que deux employés aux profils et aux responsabilités semblables reçoivent des salaires différents, on profite de ces augmentations annuelles pour effectuer un rattrapage.
Gérer l’insatisfaction
Dans le cas d’un employé qui s’estime sous-payé, Nathalie Meunier conseille de prendre le temps d’étudier sa demande : « On examine son expérience, on compare sa situation avec d’autres employés. On verra donc si un rattrapage est nécessaire. »
Chose certaine, l’insatisfaction salariale ne doit pas être prise à la légère.