La personne qui est responsable de votre service est toujours là à critiquer le moindre de vos faits et gestes. Votre motivation est en chute libre, et votre rendement au travail en subit les contrecoups. Comment survivre à une patronne ou un patron toxique?
En entreprise, une personne intraitable en position d’autorité peut provoquer de nombreux dégâts psychologiques et sociaux autour d’elle. Il est possible qu’elle ne réalise pas l’influence néfaste qu’elle exerce sur vous et vos collègues. Vous avez peut-être affaire à un cadre qui intervient trop souvent ou trop largement dans les activités des membres de son équipe puisqu’il a du mal à faire confiance à autrui.
Ce phénomène de microgestion n’est pas rare. Et la Harvard Business Review rapportait en 2021 que les gens ont de fortes réactions émotionnelles et physiologiques négatives lorsque leur supérieur ou supérieure les aide inutilement ou de façon non sollicitée.
Si vous n’avez pas déjà essayé, il peut donc être judicieux d’établir un dialogue franc avec une personne en autorité qui peine à déléguer. Proposez un rendez-vous à votre gestionnaire pour aborder les aspects qui vous dérangent et lui montrer qu’il ou elle peut avoir confiance en vous. Parfois, une simple conversation sur vos besoins peut s’avérer fructueuse.
Gestionnaire narcissique ?
En revanche, si votre gestionnaire est toxique et possède des traits associés à la psychopathie ou au narcissisme, une discussion ne sera probablement pas suffisante.
Une série d’études de la Manchester Business School, réalisées auprès de 1200 personnes salariées, a démontré qu’à mesure que les niveaux de psychopathie et de narcissisme augmentaient chez les têtes dirigeantes, la prévalence de l’intimidation au travail, des comportements contre-productifs et de la détresse psychologique, voire la dépression, s’accroît chez le personnel.
L’auteure principale de cette série d’études et chercheuse en psychologie organisationnelle, Abigail Phillips, recommande aux entreprises de mieux prendre en compte les traits de personnalité sombres d’une personne avant de lui confier un poste à responsabilité. Elle suggère également de mettre en œuvre des programmes de médiation pour gérer les problèmes d’intimidation au travail.
Demander l’aide des ressources humaines
Dans ce cas de figure, il ne faut pas laisser passer un comportement toxique et abusif. Parlez-en à une personne de confiance au sein du service de ressources humaines.
La santé mentale ne doit ni être un tabou ni être prise à la légère. Environ 55 % des travailleuses et travailleurs des petites et moyennes entreprises (PME) canadiennes vivraient avec au moins une difficulté de santé mentale, d’après un rapport réalisé en 2022 par la Chaire de recherche Relief en santé mentale, autogestion et travail de l’Université Laval. Ainsi, près du tiers des personnes qui ont participé à l’étude ressentent de l’anxiété ou traversent une dépression dont la gravité dépasse un seuil clinique.
Les membres de l’équipe des ressources humaines peuvent s’avérer d’excellents soutiens lorsqu’ils ou elles sont bien au fait des risques psychosociaux qui nuisent autant à l’employé ou l’employée qu’à l’organisation en général.
Éviter les interactions
En attendant que l’équipe des ressources humaines trouve une solution, mieux vaut éviter au maximum les interactions avec votre gestionnaire. Lorsque la discussion est incontournable, tentez de limiter les sujets de conversation au seul contexte professionnel.
Ne donnez pas ou très peu d’informations sur votre vie privée, qui pourraient être utilisées contre vous si vous êtes le ou la subalterne d’une personne qui possède une personnalité manipulatrice.
Autant que faire se peut, maîtrisez vos émotions pendant ces échanges. Cela ne signifie pas pour autant de les rejeter si elles génèrent des situations de souffrance dans le cadre du travail, note la sociologue française Aurélie Jeantet.
Gardez un lien avec vos collègues
Restez proche de vos collègues avec qui vous vous entendez bien et en qui vous avez confiance. L’absence de soutien social des collègues peut aggraver les conséquences d’une situation de harcèlement psychologique au travail.
Demeurez bienveillant et cultivez ces liens plutôt que de reporter votre mal-être sur vos collègues ou, pire encore, de vous isoler. En cas de besoin, ces collègues pourront témoigner du comportement de votre patron ou patronne toxique auprès de l’équipe des ressources humaines.