Quelques jours par semaine, Violaine Boucher arrive au travail accompagnée de Rocky, son labrador de deux ans. Elle n’est pas la seule : plus de 15 employés de Moment Factory apportent leur chien au travail de façon régulière. Tour d’horizon de cette nouvelle tendance en entreprise.
De nombreux bienfaits
Selon une étude scientifique américaine publiée dans l’International Journal of Workplace Health Management en 2012, le fait de travailler avec toutou serait particulièrement utile pour réduire le stress et augmenter les interactions entre collègues.
« Le simple fait de flatter un chien a un impact positif sur l’attitude des gens, acquiesce Michel Lacasse, éducateur canin et propriétaire d’Éducation canine des Quatre pattes. On peut également parler d’une diminution de la culpabilité chez l’employé qui ne laisse pas son chien à la maison toute la journée. Il a même été démontré que promener son chien stimule la créativité. Cette pause bénéfique mènerait à une période de détente qui provoque une hausse de la productivité. »
« En plus de nous permettre de prendre l’air durant la journée, la présence des chiens facilite la création de liens et même l’entraide, ajoute Violaine Boucher. C’est aussi une belle façon de s’adapter à des horaires atypiques ou encore aux périodes qui demandent beaucoup d’heures supplémentaires. »
Chez Moment Factory, l’acceptation des chiens s’est faite de façon toute naturelle. « Lors de son entrevue d’embauche, une future employée avait évoqué que le fait de pouvoir emmener son chien au boulot apporterait un grand plus dans sa motivation de travailler pour la boîte », se souvient la propriétaire canine. C’est donc depuis son ouverture, il y a 15 ans, que l’entreprise est dog friendly.
L’environnement du studio est, selon cette dernière, idéal pour le meilleur ami de l’homme : planchers de béton, salles de conférences vitrées, grandes aires ouvertes sur deux étages totalisant 50 000 pieds carrés. Elle attribue le succès de cette pratique au fait que les maîtres sont tous conscients que c’est un privilège et non un droit acquis. Chaque propriétaire de chien est respectueux de ses collègues et tout un chacun a toujours son toutou à l’œil.
« On n’a jamais eu à créer de procédures ni à intervenir, on y va avec le gros bon sens, précise Violaine Boucher. Si, par exemple, le chien jappe ou commence à faire des dégâts, l’employé aura la sensibilité d’éviter de l’emmener pour un petit bout de temps. Et il pourra peut-être réessayer plus tard. »
Des critères indispensables
Selon Michel Lacasse, plusieurs critères devraient déterminer si un chien peut accompagner son maître au travail. « Le chien doit avoir une éducation qui lui permet de répondre aux commandements de base tels que : assis, couché, reste et viens. Une méthode d’apprentissage efficace, qui lui permet de socialiser avec les humains et avec les autres chiens, doit idéalement se passer entre 0 et 4 mois. »
Même si la majorité des chiens aiment sortir et accompagner leur maître, l’employé doit s’assurer que son protégé est à l’aise et heureux dans le milieu de travail, sans quoi des troubles de comportement peuvent survenir, comme japper, mordre et devenir intolérant aux bruits. De plus, certains chiens ne sont pas compatibles entre eux.
Lorsqu’une entreprise évalue la possibilité d’accepter les chiens, elle ne doit pas négliger les facteurs suivants : environnement de travail (bureaux fermés ou aire ouverte, nombre d’employés), nature de l’entreprise (passage de plusieurs clients chaque jour, besoin de concentration constante, etc.) et réactions des autres employés (phobie, allergie, etc.).
L’éducateur canin conseille finalement une formation en entreprise d’une demi-journée pour permettre au personnel de s’outiller pour interagir de façon intelligente avec les chiens.
« Le chien est un animal à la base sociable et rassembleur, et les bienfaits de sa présence ont été démontrés. Il appartient ensuite à l’employeur de déterminer s’il a sa place sur le lieu de travail », conclut Michel Lacasse.